Depuis sa création en 1985, l’Association Manger Santé Bio vise à nous guider vers une alimentation plus saine et plus écologique. Conférences, publications, recettes gourmandes, événements, le groupe propose de nous informer avec une approche accessible et originale. Pas étonnant lorsqu’on regarde de plus près le parcours de Renée Frappier, cofondatrice de l’Association Manger santé bio et organisatrice de l’Expo Manger Santé et Vivre Vert.
J’ai commencé ma carrière comme enseignante de chimie au secondaire, dans ma jeune vingtaine. Je dis souvent : « Avec le temps, la tasse à mesurer a remplacé le bécher ! » Plus tard, j’ai laissé l’enseignement secondaire et je me suis tournée vers l’éducation des adultes en donnant des cours de cuisine végétarienne. Entre temps, j’étais passée de la ville à la campagne. On a eu un grand jardin, une serre de production de légumes… c’était l’apprentissage sur le terrain. Je me suis beaucoup intéressée au développement des coopératives d’alimentation et de produits naturels. Comment j’ai développé tout ça? Par l’éducation !
En 1985, j’ai fondé l’Association des personnes ressources en alimentation saine du Québec en 1985 (APRAS). Au départ, je rejoignais une centaine de personnes au Québec qui étaient des professeurs de cuisine végétarienne. On était assez bien organisé pour l’époque ! C’est pour ça qu’on s’appelait « personnes ressources « . En 2000, on a décidé de s’appeler Manger Santé Bio pour inclure davantage de personnes afin que les gens ne se sentent pas exclus puisqu’ils ne se considèrent pas comme une » personne ressource « . Aujourd’hui, l’Association Manger santé bio rassemble des membres de partout au Québec. Le fil conducteur de tout ça, c’est vraiment l’éducation. Si les gens ne mangent pas plus de tofu ou de légumineuses ou de tempeh, c’est généralement parce qu’ils ne savent pas comment l’apprêter
En 1997, j’ai eu l’idée d’organiser un événement plus large. Un moment donné, il faut de se dire : je vais organiser un événement GRAND PUBLIC, et pas seulement une journée réservée aux spécialistes. À l’époque, comme l’association n’avait pas encore un grand Conseil d’administration, c’est moi qui ai organisé l’expo avec ma compagnie, les Éditions Maxam. Au départ, nous étions installés au Cégep Maisonneuve, puis nous sommes passés au Palais des congrès de Montréal. Ça prend du courage, car pour les exposants, les coûts ne sont pas les mêmes. Au début, nous avions 90 entreprises et aujourd’hui nous en avons 350. C’est plus qu’une expo commerciale. Les visiteurs posent des questions et veulent s’informer. Ils ne sont pas juste là pour regarder ou goûter.
Notre site Mangersantebio.org est une source fiable selon moi. On y présente des articles et des recettes et c’est maintenant une référence en alimentation biologique et végétale. Quand on lit de l’information sur la nutrition sur le web, c’est important de se questionner sur la source, la personne qui écrit, ses compétences, mais aussi de rester curieux. Un auteur crédible c’est bien, mais est-ce qu’elle fait partie d’un ordre professionnel dont elle ne peut déroger ? Avant d’étudier la nutrition à 50 ans, j’étais spécialiste en science, mais pas en nutrition. Il y a plein de choses que je n’aurais pas pu écrire si j’avais été nutritionniste, en raison des normes de l’Ordre. Je trouve qu’il y a parfois un manque d’ouverture de la part des médecins et des nutritionnistes face à la nouveauté.
J’ai hâte que les mentalités changent dans les lieux de formation. C’est là que se forment les nutritionnistes, les médecins, les agronomes. Si les programmes de formation évoluaient, ce serait extraordinaire. On continue à travailler auprès des citoyens, mais on souhaite éventuellement pouvoir travailler plus sur le plan politique et institutionnel.
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